En essayant de résister aux définitions faciles, mes créations musicales sont le résultat d’une évolution, sur une période de sept ans, qui m'a permis d’accumuler des inventions personnelles, des bifurcations.
Bien que je me revendique aujourd’hui encore de l’héritage de la techno, je m’en suis éloigné progressivement pour inventer ma propre voie, mon propre langage. Mes productions prennent soin d’éviter les impératifs et les conventions de genre, les constructions linéaires au 4/4 inéluctable, les sons électroniques rebattus.

Ma musique ne marche pas au rythme du rythme mais évolue selon une vision organique propre, suivant une série de processus récurrents, une logique interne. Plus proche en cela d’une musique électronique « d’avant », entre l’exotisme futuriste de la Fourth World Music et le bricolage visionnaire de Cluster, elle se déroule autour de structures mélodiques ouvertes, de cellules autonomes.
Elle est issue d’un assemblage de paramètres arbitraires et de décisions réfléchies, comme le choix de la polyrythmie ou celle de sonorités hybrides, associant samples acoustiques (très souvent empruntés sur les réseaux sociaux à des instruments bricolés, au timbre non-standardisé, au grain unique) et sons synthétiques.
Elle est régie par une série de contraintes, comme la volonté d’utiliser un set-up limité, miniaturisé, qui puisse tenir dans un sac à dos, ou celle de jouer sans laptop, sans écran.

En fin de compte, l’objectif est avant tout le live, durant lequel les morceaux sont réexaminés, remontés et recombinés selon le lieu et les circonstances.
Pour cela, plutôt que de reproduire un morceau préexistant, découpés en pistes superposées, je préfère l’idée d’attribuer un rôle à chacune de mes machines et de m’imaginer ainsi à la tête d’un grand orchestre, pilotant une douzaine de micro-musiciens possédant chacun leur caractère, leur fonction, leur sonorité.
Avec eux, je développe une musique aux temporalités élastiques, aux sources composites, familières mais difficiles à localiser.